Toute recherche implique la contribution de chercheurs et d’interlocuteurs de terrain, les premiers exploitant souvent les matériaux bruts produits par les seconds. Mais lorsqu’il s’agit de promouvoir une démarche coopérative, la confrontation, la distanciation méthodologique et la collaboration doivent laisser place à l’élaboration d’une connaissance inédite, à penser avec l’ensemble des partenaires. Les chercheurs poursuivent l’ambition de mettre au travail différentes catégories de savoirs et une certaine forme de métissage, Il s’agit non plus d’avoir raison, de s’en remettre aux critères de la rationalité, de conduire une recherche «sur» ou «contre», mais de travailler «avec» tous les acteurs concernés, quels que soient leurs statuts respectifs. L’action du chercheur engagé dans une démarche coopérative oscille ainsi entre programmation et improvisation. L’imprévu émergeant souvent du terrain, il importe que le chercheur soit en mesure d’entretenir avec celui-ci une certaine forme de proximité et d’écoute sensible.
Ce dossier d’Education permanente n’est pas un traité méthodologique. Il s’agit avant tout, pour ses auteurs, de dévoiler leur expérience, de montrer combien la démarche coopérative, au croisement des savoirs, se heurte à de nombreux obstacles et suscite bien des controverses.