L’idée de solidarité est ancienne, elle a une histoire, ne serait-ce qu’en Occident : chrétienne, souvent caritative, puis républicaine. Aujourd’hui, elle est au cœur de bien des mobilisations collectives, auxquelles elle apporte le ciment nécessaire à leur efficacité. Mais elle est aussi partie prenante du corporatisme et permet à des sociétés secrètes de se perpétuer. C’est pourquoi toute approche de la solidarité doit envisager son ambivalence.
Où est la solidarité aujourd’hui ? Quand il n’y a pas de travail pour tous, peut-elle encore s’exercer à partir de l’entreprise, du bureau, de l’atelier et de l’action des travailleurs ? La nouvelle culture du partage, qui doit beaucoup à Internet et aux réseaux sociaux, relève-t-elle de la solidarité ? La solidarité peut-elle être tous azimuts, inconditionnelle ? Notre appartenance à un monde global suscite des formes de solidarité qui dépassent le cadre de l’État-nation. Les phénomènes migratoires mettent en évidence les difficultés qu’il y a, en période de crise économique et d’inquiétudes liées notamment au terrorisme, à faire valoir un point de vue solidaire et humaniste face aux peurs et aux égoïsmes. La question des solidarités se pose également dans le temps. L’idée de développement durable implique de penser la solidarité entre générations, de la part de celles qui vivent aujourd’hui au profit de celles à venir.
Penser « les solidarités » face aux défis de l’individualisme et de la globalisation, telle est la proposition du dernier numéro de sciences Humaines de mai 2017.